Né humain dans les bas-fonds de Inouak, Hawk était autrefois connu sous un autre nom – celui de Santa. Est-ce que nous naissons meurtrier, assassin? Non, nous le devenons. Ce fut son cas, bien plus tard, mais rien ne laissait présager ça du jeune garçon énergique au grand cœur qu'il était.

Troisième et dernier enfant d'une famille au plus bas de l'échelle sociale, la faim était sa plus fidèle amie. Pour autant, l'idée de voler, de faire des choses contre sa moral ne lui venait pas en tête. Un noble avait tenté de lui offrir un bout de pain, une fois. De la pitié. Il avait tenté de refuser, plutôt que sauter sur l'occasion. Et même ensuite, il avait tout offert à sa famille, mentant sur le fait d'avoir déjà consommé sa propre part.

Sauf que la famine vint à empirer. Une famille de cinq, ils n'avaient pas les moyens de survivre. Le plus vieux des enfants n'avait pas même dix ans qu'il était déjà forcé de travailler, pour aider la maison. Même Santa devait faire sa part, niveau travaux ménagers et tout autres tâches pouvant être effectués par un petit bout d'humain d'à peine cinq ans.

Malgré ça, la mère vint à mourir. L'être humain est égoïste – ce fut la première fois qu'il fut confronté avec ce fait. Alors que ses frères pouvaient déjà aider à ramener des sous, ce n'était pas vraiment son cas. C'est ainsi qu'il obtient un cadeau assez spécial pour fêter ses six ans.

« S'pour t'bien p'tit. T'va voir. Ç'peux pas être pire qu'ci. »

Un homme qu'il ne connaissait pas l'amenait. La seule possession qu'il fut autorisé à amener avec lui? Un collier de plumes, qui avait lui-même confectionné pour sa défunte mère et à lequel il tenait beaucoup. De toute façon, c'était bien le seul objet qu'il possédait, autre que des vêtements en lambeaux, récupérés de ses frères aînés.

Où se faisait-il amener? Un laboratoire. La seconde génération d'hybride venait tout juste d'être annoncée publiquement. Des hybrides intelligents. C'était tout nouveau et les chercheurs avaient besoin d'encore beaucoup de cobayes. C'était aussi très dangereux. Il en avait créés une, puis quelques autres. Mais ils n'en étaient pas encore au point de garantir chaque opération, malheureusement.

Et pourtant, il avait été vendu comme cobaye. Dans un sens, le père avait raison – la mort serait une délivrance, dans son cas. Pourtant, il restait optimiste. Il n'avait aucun désir de mourir, il n'avait jamais voulu quitter la maison familiale. Mais ce n'était pas à lui de choisir, n'est-ce pas?

Des plumes de faucons – les chercheurs reprirent cette idée. Et l'opération fut effectivement un succès. Et hop, un nouvel esclave sur le marché, vendu au prix fort. Alors qu'il n'avait jamais rien possédé, il était maintenant lui-même un objet de valeur. Une rareté.

Dans un certain sens, il avait plutôt une belle vie comparé à beaucoup d'autres esclaves. Sa morphologie, ses capacités de prédateurs, il n'a jamais été utilisé comme un jouet, mais comme un outil. Un outil pour punir ses semblables. Son maître le forçait à s’entraîner, devenir plus fort, être le faucheur d'hybride. Le fait de pouvoir voler et sa vue incroyable aidant à repérer des fuyards de loin.

Il y avait une part de risque à laisser autant de liberté à un hybride – rien ne garantissait que celui-ci allait revenir en prenant son envol. Et pourtant, c'était toujours le cas. Un animal bien dressé. Débusquer les traîtres et rebelles et les abattent, voilà son boulot.

Lorsque vint le temps de prendre sa première vie, il ne pouvait s'y résigner. Il avait refusé. Il avait faillit perdre la sienne. S'il n'obéissait pas, il était inutile. Il n'était encore qu'un adolescent. Cette désobéissance lui fallu la cicatrice sur sa poitrine. Il allait y penser à deux fois désormais avant de refuser quelque chose.

Les années avaient passées, il avait appris à taire ses sentiments. Il n'approuvait pas, mais acceptait. Il n'avait pas le choix. Du moins, il se consolait en se disant ça. Après tout, les hybrides qu'il chassait avaient mal agis, non? Ils étaient fautifs.

Sauf qu'un jour, il réalisa à quel point il faisait l'autruche. Les êtres qu'il chassaient, ceux-ci n'était pas des assassins, mais des gens qui prônaient l'égalité. Autant à une époque il avait pu détester sa condition d'hybride, se voir comme un monstre, désormais c'était les humaines qu'il voyait comme tel. Les humains qui prenaient avantages des hybrides. Ils ne méritaient pas ce traitement.

Et il se rebella, obtenant sa liberté au prix d'une autre cicatrice, cette fois encore plus visible – au visage. Mais elle signifie sa liberté, alors il en est fier. Il utilise maintenant ses ailes pour rester loin de ceux qui tentent de le capturer de nouveau. Et sa force, il l'utilise pour briser les chaînes de ses semblables.

Pour le moment, son groupe est encore petit. Mais vous voyez la mafia? C'est un peu ce qu'il tente de reproduire, seulement avec des hybrides. Ce créer sa propre petite famille. Il n'hésite pas à tuer n'importe quel humain qui lève la main sur l'un de ses semblables sans raison valable.